Dans un billet précédent, j’ai mentionné que mon voyage en Alaska était probablement LE voyage de ma carrière et fort certainement le moment fort de mon année 2019. C’est pas totalement faux mais ce n’est pas tout à fait vrai aussi. Côté destination, c’est sans contredit LE voyage de ma carrière à date par contre, le moment fort de mon année est complètement quelque chose d’autre.
Au cours de l’été 2019, j’ai commencé à songer sérieusement à me trouver un compagnon de voyage. J’aime bien quand ma blonde m’accompagne sur la route mais malheureusement ce n’est pas toujours possible. De plus, à l’époque pré-COVID-19, je trouvais que je ne sortais pas assez de mon camion pour faire de l’exercice. J’avais besoin de motivation pour bouger un peu plus.
En juillet 2019, je devais me rendre à El Paso, TX pour ramasser de la marchandise que j’allais devoir livrer au Canada avant de revenir à la maison. Ne pouvant ramasser ma marchandise à mon arrivée à El Paso le samedi après-midi, je me suis dirigé dans un truckstop situé à l’est de la ville pour y passer le reste du weekend.
En début de soirée samedi, j’ai commencé à effectuer des recherches sur internet pour voir s’il y avait un refuge pour chien dans mon coin de la ville. Le plus prometteur, celui de la El Paso Humane Society était situé à une quinzaine de kilomètres de moi. Ne pouvant prendre mon camion n’y aller à pied, je me disais que j’irais peut-être lors d’une prochaine visite à El Paso si j’apportais mon vélo.
C’est en feuilletant la page facebook du refuge que j’ai constaté que le lendemain, le refuge faisait un blitz d’adoption et qu’ils allaient être présent dans un magasin Pet Smart situé à mi-chemin entre moi et le refuge, coupant du fait même le coût du taxi en deux !
C’est donc équipé de mon sac à dos et de ma laisse, laisse que j’avais acheté quelques semaines auparavant au cas où je rencontrerais un chien en quête d’un nouveau maître, que je me suis dirigé au Pet Smart le coeur fébrile.
À mon arrivée là-bas, j’ai rapidement constaté qu’il y avait seulement des chiens en bas âge de disponible à cet endroit. Une gentille bénévole m’a alors expliqué qu’ils tentent de maximiser les adoptions en présentant de jeunes chiens plein d’énergie aux acheteurs potentiels. Ceux qui veulent un chien moins énergique ou plus mature sont alors référés directment au refuge qui abrite plus de 300 chiens.
Ayant déjà parcouru la moitié du trajet, je me suis dit qu’il valait aussi poursuivre mon périple et que ce n’étais pas quelques dollars de plus de taxi qui allaient m’arrêter right ? J’ai donc sauté de nouveau dans un taxi pour me rendre au refuge.
À l’origine, je me disais que je voulais un chien d’environ 50 livres (poids arbitraire qui me semblait convenable pour un chien de taille moyenne), préférablement avec un pelage bringé et ayant un niveau d’énergie moyen. Ça excluait donc toutes les petites et grandes races, laissant quand même une belle fourchette d’individus parmi laquelle j’allais certainement trouver mon nouveau copilotte.
À mon passage, il y avait 1 pavillon réservé aux petiteschiens, 1 pavillon pour les chiens grandes races et 2 pavillons pour les chiens de moyenne taille ! Ah oui, il y avait aussi un pavillon pour les chats !
J’ai effectué au moins 3 tours des installations. 1 tour de tous les pavillons pour chiens afin de m’assurer qu’un individu mal classé allait me tomber dans l’oeil et ensuite j’ai revisité 2 fois les 2 pavillons pour chiens de grandeur moyenne.
Dans la grande majorité des cas, les chiens étaient excités et jappaient beaucoup à notre approche. Seuls quelques individus demeuraient silencieux et quelques autres semblaient craintifs à notre approche.
Mon dévolu s’est jeté sur un boxer croisé possédant un pelage bringé de la mort. Ce jeune mâle énergique pesait autour de 45 livres et semblait bien amical. Il était plutôt vocal mais la plupart de ses voisins l’étaient aussi alors c’était difficile de vraiment juger de sa vraie personnalité dans de telles circonstances.
J’ai donc avisé une bénévole que le chien m’intéressait. Elle m’a alors dit qu’il ne pouvait pas être adopté immédiatement car il était récemment arrivé au refuge et n’avait pas encore été castré et par conséquent, je devrais attendre une dizaine de jours avant d’en prendre possession. Euhhh… C’est parce que je repars demain moi !!! Pouette… Pouette… Pouette…
À la droite de sa cage, se trouvait une p’tite blonde, La bénévole m’a alors montré à quel endroit regarder sur la fiche technique pour voir si le chien avait été stérilisé. Si une date se trouve à cet endroit et que la dite date est âgé de plus de 7 jours, le chien peut-être adopté immédiatement qu’elle me dit. Comme cette belle blonde qui avait été opérée 8 jours auparavant.
Faut dire que cette belle blonde avait attiré mon regard dès mon premier tour des pavillons. Elle était jolie, calme et semblait un peu peureuse. Mais son plus gros défaut: elle n’était pas bringée…
Allant à l’encontre du bon sens et des règles de sécurité, j’ai mis mes doigts à l’intérieur de la cage et j’ai sifflé quelques coup pour l’attirer vers moi. C’est d’un pas lent et peu rassuré qu’elle s’est avancé. Rendu à proximité du grillage, elle a gentillement liché mes doigts avant de s’asseoir devant moi. Mes yeux disaient “elle n’est pas bringée!!!” alors que mon coeur criait de plus en plus fort oui mais c’est elle la bonne. SHE IS THE ONE !!!
Quand vient le temps de vérifier la compatibilité, chien et humain sont réunis dans un enclos extérieur où le chien a tout le loisir de s’approcher ou non de l’humain. Si ça ne fitte pas entre les deux, l’humain peut facilement et rapidement sortir de l’enclos et mettre ainsi fin à la rencontre. Pis si ça va bien, ils ont amplement d’espace pour jouer et se découvrir mutuellement.
Mise en contexte: la ville d’El Paso interdit l’euthanasie dans les refuges présents sur son territoire. It’s all fine and dandy comme disent les anglais mais il y a un côté pervers à cette pratique. Si un chien n’est pas adopté rapidement dans un refuge, il sera alors transféré dans un autre refuge où on l’espère il sera adopté. Sinon, il sera transféré de nouveau pour de nouvelles tentatives d’adoptions… Qui dit transfert, dit risque de perte d’informations relatives au chien…
Sur la fiche technique de la belle blonde, il n’y avait que son âge approximatif, son sexe et la date de sa stérilisation. Aucun bagage historique concernant son caractère, son comportement avec les humains ou autres animaux domestiques… Aucun historique d’où elle provenait. En terme immobilier, on dirait vendu sans garantie légale…
Nous nous sommes donc ramassé tous les deux dans un grand enclos. La madame ne semblait pas excité de se retrouver là mais elle ne semblait pas anxieuse non plus. Ayant trouvé une balle au sol, le lui ai lancé mais elle n’a pas réagit. Pour elle, une balle ne signifie pas jouer. Ça signifie rien. Nada…
Je l’ai donc approché tout doucement et j’ai lentement approché ma main de sa poitrine pour la flatter. Très peu de réactions mais au moins, rien de négatif. Même que la queue semblait vouloir osciller d’un côté et de l’autre…
À défaut d’avoir une réaction enthousiaste, j’ai donc entrepris de la “taponner” partout partout pour voir sa réaction si je devais la manipuler pour la nettoyer ou la soigner. J’avais pas le goût de découvrir qu’elle n’aime pas ça une fois parti du refuge. Elle s’est laissé faire sans dire un mot. Le nez, les oreilles, la queue, les pattes, la cicatrice de son opération, tout y a passé sans grondement ou mouvement d’évitement. J’ai tiré, poussé, écartillé. Zéro réactions négatives !
Quand la bénévole est revenu, mon choix était fait. Ben en fait, non, c’est pas vrai. Diamond avait fait son choix ! Car oui, ma belle blonde s’appelle Diamond. Elle avait décidé de se laisser séduire, elle avait décidé de m’offrir son coeur endolori, elle avait surtout décidé de se donner une nouvelle chance de finir sa vie avec des humains qui la traiterait avec dignité et respect.
Moi et la bénévole, sans connaître son réel passé, avons élaboré une théorie. Selon sa physionomie, il est évident qu’elle a eu plusieurs portées de chiots. Sans avoir été brutalisé, elle présentait tout de même des signes d’une vie précédente difficile. Ses coudes et certaines parties de ses cuisses laissaient voir des zones dépourvues de poils, signe qu’elle a probablement passé de longs moments couchés sur un sol dur dans un espace restreint. Elle n’avait également aucune estime d’elle-même signe qu’elle a rarement été valorisée. Il est donc fort probable que dans sa vie précédente, elle était une maman dans une usine à chiot. Son passé est peut-être tout autre, je ne sais pas mais c’est fort possible qu’elle a fabriqué des chiots pendant les 6 premières années de sa vie.














L’adaptation entre Diamond (blonde invisible) et Sookie (Boston Terrier) n’a pas été facile. Sookie la princesse tolèrait difficilement la présence de Diamond. Une combinaison de facteurs a heureusement fait en sorte qu’elle cohabitent maintenant harmonieusement.


Quand Diamond est sur la route avec moi, j’alimente son compte Instagram Diamond_the_adopted_dog. N’hésitez pas à suivre son compte pour en apprendre plus sur ses aventures sur la route. Pour l’instant, je préfère qu’elle demeure sagement à la maison avec Sookie. Ça va leur permettre de raffermir leur liens d’amitié et surtout, ça m’évite d’avoir un gros vecteur de risques du COVID-19 dans mon camion. Le risque zéro n’existe pas mais si je peux au moins minimiser le risque d’infection potentiel, ça vaut bien quelques larmes n’est-ce pas ?
J’ai le coeur gros à tous les soir quand je me couche car elle me manque énormément sur la route mais ma sécurité est plus importante que sa présence en se moment. J’ai hâte qu’un semblant de normalité s’installe de nouveau et qu’elle recommence à m’accompagner sur la route sans devoir constamment devoir la nettoyer pour m’assurer que ce virus de merde ne se trouve pas quelque part sur son corps et qu’il m’infecte par la suite.
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